Bérénice de Jean Racine
création 2009




Mise en scène : Faustin Linyekula.
Assistant à la mise en scène : Papy Maurice Mbwiti
Avec Shahrokh Moshkin Ghalam, Bruno Raffaelli, Céline Samie, Bakary Sangare
Musique : Flamme Kapaya.
Durée : 90 min.
Coproduction : Comédie Française, Théâtre de Gennevilliers, Studios Kabako.
Première au Studio Théâtre / Comédie française, 26 mars 09.

 
Invité à travailler avec la troupe de la Comédie Française, je souhaite inscrire cette rencontre autour de l’idée de l’altérité, de l’étrangeté, de l’étrangeté de la condition d’étranger…
Etranger face à la mémoire et à l’histoire de cette troupe, face à l’expérience et au métier des comédiens du Français…
Etranger face à la notion de « rôle » au théâtre. En danse, les rôles se mêlent tellement aux corps et aux expériences traversées par ces corps qu’ils en deviennent nos propres rôles.
J’ai donc souhaité rencontrer cette troupe sur son terrain, un grand classique français. J’aurais pu choisir Molière, dont les pièces, entre mouvements et rebondissements, auraient été un choix plus évident pour un chorégraphe…
Mais Racine, plus éloigné de cette matière en mouvement, me semblait un pari intéressant. Se frotter à cette parole, à cette langue qui dit l’action.
Le français, aujourd’hui ma première langue, n’en reste pas moins une langue de l’étranger. Et celle de Racine l’est sans nul doute encore plus.
Comment alors écrire, maintenant, dans l’espace une partition des corps animés par l’étrangeté de cette langue ? Et si je ne m’attachais qu’à la musique de Bérénice… Ainsi, l’un de mes exercices aujourd’hui est de dire ce texte et d’essayer d’en faire une partition musicale de 75 minutes.
Et puis ramener cette rencontre sur mon terrain.
Je suis Congolais et je viens en France où les Congolais ne font pour la plupart pas partie de cette immigration choisie et acceptée.
Plonger ce texte, comme un espace clos, avec ses propres règles, ses propres logiques, et voir s’il reste de la place pour cette réalité ? Comment cette réalité peut-elle infiltrer, contaminer Bérénice ?
Je souhaite faire une double mise en scène en parallèle, l’une avec les comédiens du Français, l’autre avec des acteurs de Kisangani, la ville où je vis au Nord-Est du Congo. Des artistes pour qui cette langue est résolument étrangère. Et voir comment la même mise en scène peut ou non se transformer en passant à travers des histoires et des corps différents. L’expérience théâtrale est-elle dans les textes ou dans les corps qui portent ces textes ?
Quelle sera la forme ? Je ne sais pas encore, celle de cette rencontre. Elle me ressemblera, j’espère... Je sais juste qu’il y a Bérénice, le plateau du Studio Théâtre et 75 minutes… C’est tout. La forme émergera de ce temps partagé avec les comédiens.



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Bérénice, un quartet improbable de Faustin Linyekula
Propos recueillis par Pierre Notte, secrétaire général de la Comédie-Française, 2009