MON HYMNE

On est toutes quelque peu pareilles
On a des envies de nouveauté, de sexe, de bien-être, à côté de la routine métro-boulot-dodo
Envie parfois d’une vie de rechange
Kinoise ou italienne, parisienne ou somalienne
La preuve, quand on a mal dedans, l’effet est pareil
Quand on suinte de l’intérieur, larmes, sueur ou sang
Ce sont les mêmes couleurs, la même douleur
Je rêve d’une vie de rechange qui viendrait balayer tous mes soucis
Ceux liés à la situation politique et combien étouffante dans laquelle je vis dans ce monde-ci

J’étouffe de tant de manques
Envie d’être ailleurs, vivre les soucis d’ailleurs, trouver des amis d’ailleurs, avoir des merdes ailleurs
Plus ici. Bouger de là ! De la terre …
Vivre dans la mer, dans les cieux ou dans le sable
Ailleurs
C’est ainsi la loi suprême de la nature
Toujours partir.

D’abord quitter la quiétude du sein de sa mère, voir la lumière du jour, ouvrir les yeux
Ensuite quitter l’enfance avec son sommeil douillet, sa totale confiance en ses parents
En la vie qui vous portait et vous berçait
Avoir ses règles ! Tous les mois, suinter rouge
Douloureusement des fois, tranquillement parfois
Faire des choix : y aller ou pas, foncer ou laisser courir ?
Jusqu'à ce qu’en fin de compte, on fonce …

Je ne suis pas ma mère
Je ne fais pas partie de la race des « politiquement corrects »
Je ne suis pas non plus radicalement une africaine exotique
Je vis le siècle du net, des portables et des Mc Do
De la mondialisation et de la pauvreté, des guerres et du terrorisme
Du Hezbollah et des génocides, de l’IVG et du HIV
Je ne suis pas ma mère
Je rêve d’une vie de rechange qui viendrait balayer tous mes soucis
Ceux liés à la situation politique et combien étouffante dans laquelle je vis dans ce monde-ci
Je veux pouvoir choisir mes manques, mes merdes et mes embrouilles
Mes hommes, ma vie et ma destinée
Parce que je vis mon temps, pas le vôtre, pas le leur.
Je veux qu’on me laisse vivre !
Avec mes risques, mes hontes, mes rêves …
C’est ma vie, après tout.

Mes Obsessions : j’y pense et puis je crie !, Marie-Louise Bibish Mumbu, Kinshasa, 2004