Piki Piki
création 2018



Chorégraphie et Interprétation :  Djino Alolo Sabin
Regard artistique : Christina Towle, Faustin Linyekula
Musique : Roger Mambembe, Djino Alolo Sabin
Vidéo : Franck Moka, Djino Alolo
Création lumière : Flore Dupont
Production : Studios Kabako / Virginie Dupray
Coproduction : Ballet du Nord / CCN de Roubaix, La Bellone – Maison du Spectacle – Bruxelles.
Avec le soutien du Centre national de la danse – Pantin (prêt studio) et de
Danse Dense - Pole d’Emergence chorégraphique.
Durée : autour de 45 min

Piki Piki, c’est mon histoire, c’est aussi celle d’un camion à l’arrêt, Piki Piki justement, et puis celle d’une photographie de mon grand-père.
Deux objets sans lien apparent, mais qui, ensemble, m’ont donné la force de grandir malgré les obstacles que la vie avait semés sur mon chemin.
Piki Piki a toujours était là, épave stationnée au milieu du quartier, la Tschopo, l’une des communes de Kisangani, ma ville au nord-est de la République Démocratique du Congo.
Lui aussi, Alolo Balekomato, mon grand-père, était là, stationné sur le mur du salon. Seul objet de décoration dans une maison dégradée, construite un jour par les Belges pour les Congolais « évolués », un cube, un salon, deux ou trois chambres, pour deux ou trois enfants. N’ayant pas eu les moyens de vivre ailleurs, j’ai grandi dans les ruines de la colonisation.
Piki Piki était donc un vieux camion.
Mon grand-père était un supporter très engagé du parti politique de Patrice Lumumba.
Piki Piki, on ne savait pas trop pourquoi, avait toujours été là, comme un bateau naufragé dans la poussière de notre cité perdue
Mon grand-père, lui, avait disparu, certainement assassiné… Parti un jour à Bukavu, à la suite de Lumumba, on l’avait plus jamais revu. Ni lui, ni Lumumba.
Dans mon salon, la photo décolorée de mon grand-père me fixait, comme s’il me demandait de poursuivre son rêve, de continuer son combat, de me battre pour un Congo où les citoyens seraient debout. Ce regard m’a hanté bien des jours.
Mon grand-père et Piki Piki, comme deux images arrêtées, deux corps suspendus dans leur élan.
Au fil des ans, ces deux objets se sont dégradés, mangés par la rouille et l’humidité encroutés dans la poussière, comme mon pays en somme, rongé par la corruption, la lassitude et l’inertie.