Banataba
création 2017



Direction artistique : Faustin Linyekula
Avec : Moya Michael, Faustin Linyekula
Vidéo, son : Faustin Linyekula
Production: Studios Kabako / Virginie Dupray
Coproduction: Metropolitan Live Arts, avec le soutien de l’Institut français Alliance Française (FIAF) dans le cadre du festival Crossing the Line et de BRIDGING, une initiative des Fondations Edmond de Rothschild.

Les objets ne m’ont jamais vraiment intéressé, j’ai toujours préféré les hommes et leurs histoires…

Et pourtant, certains objets ont le pouvoir de vous mettre en mouvement, littéralement…

A la recherche dans les collections du Metropolitan Museum d’un objet, d’un signe, de quelque chose qui me relierait à mon Congo – car où que j’aille de par le monde, il me semble être toujours à la recherche d’un bout du Congo qui m’aiderait à rassembler les pièces de ce grand puzzle malmené par l’histoire -, je suis tombé sur cette statue, un seul bras, bois et pigment, moins d’un mètre de haut, une belle statue à mes yeux, jugée mineure cependant et gardée dans les réserves du musée.

Cette statue est la seule de l’ethnie Lengola, le clan de ma mère…

Et c’est cet objet mineur conservé dans l’un des plus grands musées du monde qui nous a mis, à des dizaines de milliers de kilomètres de là, plusieurs semaines plus tard, ma mère, mon oncle, mon cousin et moi sur motos et pirogues en direction du village de Banataba, le village du clan de ma mère. Elle n’y était pas retournée depuis 1975, j’avais un an…

Alors pourquoi a-t-il fallu que je me rende à New-York pour que s’impose ce voyage au Congo, pour que débute cette recherche, pour que resurgissent ces questions…

Est-il possible de déplacer dans les musées la discours de l’objet à ce qu’il met en mouvement, à ce qu’il révèle dans les yeux, le corps, la tête de celui regarde ?

J’ai ainsi décidé de ramener symboliquement cette statue sur le territoire auquel elle a appartient, auprès des communautés à qui elle dev(r)ait parler… Car traditionnellement les plus beaux masques, les plus belles statues n’étaient pas enfermés dans la case du chef, pour le seul plaisir de quelques initiés, mais trônaient sur la place publique, au centre du village. Les enfants jouaient à côté les chiens passaient et pissaient, les termites faisaient leur oeuvre, mais parfois, la magie s’installait…

Masques et statues ne sont-elles pas les archives de ces villages, de ces communautés, reliant la mémoire des ancêtres aux naissances à venir ? Comment ces communautés peuvent-elles retrouver un lien avec un passé pillé et disséminé là-bas ?

Que reste-t-il de ces histoires d’ici dans les musées là-bas ?